« Guilgoul, métamorphose d’un nom »

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Guilgoul_01Après un franc succès au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (MAHJ) pour la performance Pilpoul, Céline Masson et son équipe vont produire une nouvelle forme de spectacle inédite, Guilgoul.
Au théâtre du Gymnase-Marie Bell (mais aussi au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme pour certaines interventions). 

« Nom de famille »  : Ce vocable renvoie aux origines souvent rêvées, reconstruites. Ce rappel résonne pour les noms juifs de famille d’une troublante manière.
Le nom à l’appel, fait souvent tache, et en d’autres temps, certainement : pas français !
Pour échapper à la désignation, ces noms de famille ont été souvent estropiés, rabotés, lissés, francisés.

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Ici, nous serons attentifs aux aspérités retrouvées : voyage à rebours de ce qui fut perdu, identités tremblantes, voire troublantes, retours des absents. Ces échos se répercuteront en scènes de théâtre, récits de vie, vues animées, éclats de rire, chorégraphies, langues retrouvées, mélodies, musiques…

« Vibrations d’un nom » . Ainsi comédiens, chanteurs, musiciens, écrivain, danseurs, réalisateurs, mais aussi chercheurs seront convoqués dans ce périple tumultueux qui évoque un guilgoul des noms, une renommée…4 heures de spectacle déployées sur scène

Guilgoul_03Jusqu’en 2011, il était impossible de revenir à un nom qui avait été francisé. Les requérants étaient déboutés quasi systématiquement au motif, entre autres, de la consonance étrangère de leurs noms : on ne change pas un nom qui a été francisé. Telle était la position du Conseil d’État.

Des demandes de « changement de nom » (c’est l’expression juridique pour désigner le retour au nom) déposées par le collectif « la force du nom » après 2011 ont été acceptées. Cela signifie un revirement de jurisprudence. Certaines familles voulaient retrouver le nom « perdu » de leur père afin de le « sauver » de la disparition et le porter comme reste d’une histoire meurtrie. Le nom témoignerait alors du monde des disparus, de la yiddishkayt lorsqu’il s’agit de Juifs ashkénazes.

Comme si ce combat pour le nom visait à relever le nom d’une famille inscrit dans l’Histoire de France, un nom francisé par la nécessité de ne plus faire sonner la « consonance israélite » (« c’était comme un faux nez » énonçait Olivier Rubinstein ). « Rendez-nous nos noms, nous Juifs qui avons été fidèles à la France et que la France a trahis sous le régime de Vichy ». On sent bien que la tournure que prenaient ces démarches faisait valoir un combat en réparation.

Guilgoul_04La structure musicale de « Guilgoul la renommée » adoptera le style opératique : Laurent Grynszpan, compositeur et pianiste, a l’intention de composer une œuvre musicale pour noms chantants, inspirée de l’esprit des opéras antiques où noms retrouvés, renommés, énigmatiques ou non, se métamorphoseront en personnages dont les noms hanteront alors inéluctablement nos mémoires.

Pour lui, composer de la musique, créer, écrire, c’est résister à ce qui nous arrive.
La création musicale est un acte de responsabilité, éthique même, puisqu’une fois écrite, écoutée, interprétée, reconnue ou connue, la musique s’ancre dans nos mémoires, pour ne plus jamais complètement disparaître comme un refrain qu’on chanterait dans la rue. Pourtant si fragile, impalpable, la musique existe dans un temps poétique ineffable et oscille, perpétuellement, comme le fléau de la balance entre un « rien d’émotion »,
un sourire, une larme, quelques souvenirs, des impressions ou une tragédie.
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