Le Centre d’Art et de Culture, Anima & Cie, rendent hommage à Shelomo Selinger, l’un des derniers survivants de la Shoah, artiste sculpteur à l’œuvre féconde.
En présence de Shelomo Selinger, au cours d’un après-midi à l’Espace Rachi, témoignages, projections, échanges et musique – accompagné de ses deux petites-filles musiciennes – reviendront sur l’histoire de cet artiste inclassable et son parcours de vie, dont il dit « la nature m’a donné l’oubli pour me reconstruire, l’art a fait la suite ».
Animé par le journaliste Frédéric Haziza
Dimanche 14 janvier 2023, à 16h au Centre d’Art et de Culture Juive. 39 Rue Broca, 75005. Réservation obligatoire en cliquant ici. (lien tout en bas de la page)
Au programme :
– Focus sur les œuvres phare de Shelomo Selinger (sculptures et dessins) par Jean-Patrick Razon, ethnologue
– Pause musicale par Aliza Leneman, violoncelliste, 14 ans, petite-fille de Shelomo Selinger
– Projection du documentaire Les 7 vies de Shelomo Selinger de Carlos Alvarez (2021) suivie d’un échange entre le public et Shelomo Selinger
– Clôture musicale par Lior Leneman, violoniste, 18 ans, petite-fille de Shelomo Selinger.
Shelomo Selinger est né en 1928 en Pologne, au sein d’une famille juive. Déporté en Allemagne avec son père en 1942, il connaîtra neuf camps successifs et deux marches de la mort, avant d’être trouvé en 1945, à demi-mort, par un médecin juif venu avec l’armée soviétique libérer Térézin en Tchécoslovaquie.
Pris en charge, Shelomo recouvre la santé mais reste amnésique pendant sept ans. Il a perdu ses parents, ainsi que l’une de ses deux sœurs. Cet état amnésique ne sera pas éternel, et, au bout de sept années les souvenirs de déportation reviendront le hanter, par des cauchemars nocturnes.
Après une traversée clandestine de l’Allemagne, la Belgique et la France, Shelomo embarque en 1946 à La Ciotat sur le bateau Tel-Haï pour la Terre promise. Le pays était alors sous mandat britannique qui interdisait aux juifs d’y entrer. Les marins de la Royal Navy interceptent le navire, arrêtent les passagers et les emprisonnent au camp d’Atlit.
A sa libération, Shelomo rejoint des jeunes au Kibboutz Beit-ha-Arava. Au bord de la Mer Morte. Afin de pouvoir planter, ils ont dû laver la terre avec l’eau venant du Jourdain car la terre contenant 17% de sel. En 1948, Shelomo combat durant la guerre de l’indépendance de l’État d’Israël. Beit-ha-Arava est détruit par les ennemis. Shelomo participe à la fondation du kibboutz Kabri en Galilée. Il y rencontre Ruth Shapirovsky, qu’il épousera en 1954.
La rencontre avec Ruthy, sa femme, et le début de sa sculpture qui en coïncidait, l’aidaient à canaliser ses angoisses, revenues au retour de sa mémoire des années aux camps nazis. La sculpture et le dessin lui redonnent son équilibre et un cadre pour ses expressions et créations artistiques.
Fin 1955, Il recevra en Israël le Prix Norman pour les jeunes sculpteurs, et arrive en 1956 à Paris avec sa femme pour apprendre la sculpture. Il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts, pour suivre les cours du sculpteur Marcel Gimond . Il apprendra le modelage traditionnel de la terre glaise. Parallèlement, il continue ses créations personnelles à la taille directe du matériau (granit, grès rose des Vosges et bois). En 1962 Il rencontre le galeriste Michel Dauberville qui, depuis, l’expose régulièrement.
Son œuvre sculptée comprend à ce jour environ 900 créations de tous formats et matériaux, et son œuvre graphique, à l’encre de Chine et au fusain, se chiffre par milliers.
Plusieurs de ses œuvres témoignent de la Shoah, mais la majorité de ses créations est un hymne à la vie.